L’île Saint Honorat, magnifique site classé au large de la baie de Cannes, présente un très riche patrimoine monumental témoin de son histoire monastique longue de plus de 16 siècles.
Celui-ci est composé d’une Abbaye du 19ème siècle, d’un monastère fortifié construit du 11ème au 14ème siècle, et de sept chapelles situées sur le pourtour de l’île.
Au début du 5ème siècle, Honorat avec Caprais et quelques compagnons arrivent sur l’île et fondent une communauté de moines qui s’agrandit rapidement et rayonne dans toute la Provence romaine.
Au 5ème et 6ème siècles, le monastère va marquer aussi bien la naissance de la vie monastique en Occident que la réflexion théologique. Il va fournir à l’Église plus d’une quarantaine d’évêques.
Cette période constitue les 2 siècles d’or du monachisme sur l’île.
A partir du 7ème siècle, malgré une tentative d’adoption de la Règle de Saint Benoît, le monastère entre dans une période troublée marquée par les attaques destructrices des Sarrasins.
Il semble y avoir eu dès le début du 9ème siècle, une tentative de rétablissement de la vie monastique sur l’île mais c’est après la “ Libération ” de la Provence, en 980, que Lérins réapparaît dans l’histoire comme un important monastère bénédictin de type clunisien.
L’insécurité persiste, due aux Sarrasins puis aux Génois et explique le début de la construction du monastère fortifié dès le début du 11ème siècle.
L’île sera dès lors défendue en permanence par des serviteurs, puis des soldats provençaux puis français, qui résideront dans les étages supérieurs du monastère fortifié.
Jusqu’au rattachement de la Provence à la France à la fin du 15ème siècle, l’île sera le siège d’une importante communauté possédant de nombreux prieurés sur le continent.
Les provençaux viendront aussi nombreux en pèlerinage sur l’île.
1464 marque le début de la commende. Le troisième abbé commendataire, Augustin Grimaldi, se démet de la commende et réunit l’abbaye à la congrégation bénédictine réformée du Mont Cassin.
Les premiers moines arrivent le 3 mai 1516 et permettront un rayonnement intellectuel et spirituel important de l’île pendant encore 150 ans.
De 1635 à 1637, les îles sont prises par les Espagnols et occupées pendant deux ans. Ils fortifient toute l’île St Honorat en mettant des batteries de canons sur les chapelles.
Après la reprise des îles, une importante garnison y séjourne en permanence.
A partir de 1636, le régime de la commende est établi définitivement, ce qui entraîne la décadence rapide de l’abbaye.
En 1788, il ne reste plus que quatre moines, et l’abbaye est fermée par une commission royale.
En 1791, les îles sont déclarées Bien National et l’île St Honorat est achetée par divers propriétaires.
En 1859, l’île est rachetée par l’évêque de Fréjus, Mgr Jordany.
Les premiers moines cisterciens de Sénanque, près d’Avignon, arrivent sur l’île en 1869.
Ils sont à l’origine de la communauté qui vit actuellement au monastère de Lérins et qui est constituée de 21 moines provenant d’horizons culturels différents.
Ils appartiennent à la Congrégation des Cisterciens de l’Immaculée Conception.
Leur mode de vie est communautaire, la journée étant structurée par la prière, le travail, les études, l’accueil.
Choisie par saint Honorat au début du Ve siècle pour son caractère sauvage et retiré, l’île Saint-Honorat, même si elle n’est qu’à quelques encablures de la Croisette, continue de permettre à ses habitants de bénéficier du silence propice à la prière et à l’intériorité.
Ainsi, sur cette île préservée s’expriment toujours avec force la paix et la spiritualité voulues par ses bâtisseurs.